Mes bouts de papier attendent depuis des siècles cachés dans des tiroirs.
Mes photos non développées également, attendent patiemment.
Et un jour, soudainement et comme par miracle, une photo et quelques mots virevoltent ensemble et le partage s’impose comme une évidence.
J’ai écrit ce poème, il y a bien longtemps. Fatiguée surement de trop réfléchir et comprenant que la douleur a toujours une raison d’être; le cœur sait profondément ce qui est le mieux pour nous même quand nous sommes plus perdus que jamais…
Quant à cette photo, je l’ai prise à Rome, ville que j'affectionne particulièrement car mon amie Francesca habite là. Une amitié hors normes nous unie, elle et moi, depuis notre première rencontre à Paris dans les années 2000.
Nous rentrions lentement en voiture après une magnifique journée à la plage, le ciel était d’une telle douceur que mon appareil n’a pu pas résister à la tentation.
De loin, j’ai aperçu les « pinis « ( arbre résineux à aiguilles persistantes) et j’ai déclenché fébrilement. Flavio au volant, s’est retourné pour me regarder, trop concentré sur le chemin, la nature de ma « capture » lui échappait.
On était bien là, Francesca, Flavio, les enfants et moi ; on gouttait à pleine bouche le bonheur chantant d’une journée d’été.
ELLE
Elle voulait revenir en arrière
Quand au canal Saint Martin
Tu corrigeais son anglais
Elle voulait revenir en arrière
Aux promenades du dimanche matin
Au marché du Boulevard Voltaire.
Elle voulait revenir en arrière,
Au bout de l’escalier de la rue Oberkampf
Monter les 6 étages sans s’arrêter
Elle voulait revenir en arrière
Et repasser son passé
La nuit de la chute
Quand elle a failli se tuer.
Elle voulait revenir en arrière,
A vos séances de couple, vos plannings étudiés
Les visites aux musées et les restaurants pas chers
Elle voulait revenir en arrière,
A ton analyse fixée, ton bavardage intellectuel
Ses ennuis de cinéma et ton manque de spiritualité.
Comment aimerait-elle
de tout son cœur rebobiner
Retrouver ton manque d’amour devant sa fragilité
et face à ton silence imperturbable
Encore une fois te quitter
Photographie et Poème de Laura Lago©
Laura Lago est née à Buenos Aires en Argentine.
Artiste pluridisciplinaire, elle a parcouru le monde avant de s’installer à Paris en 2000 engagée en tant que danseuse par le Moulin Rouge. Se succèderont dix années de carrière au Lido de Paris.
Installée à Paris depuis 20 ans, elle est auteur photographe, comédienne chanteuse et enseigne la danse et le Pilates.
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